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Réalisé par Sébastien Brochot, préventeur-formateur au CRIAVS Île-de-France.
Le CRIAVS Île-de-France est un service des Hôpitaux de Saint-Maurice dirigé par Dr Walter Albardier.
Certains auteurs de violences sexuelles sont pris dans une insécurité du côté des relations précoces, une incomplétude du côté de l’identité, et cela les pousse à utiliser des moyens de défense de type psychotique comme le clivage, le déni. Comprenez-bien qu’il s’agit là de mécanismes instinctifs, automatiques, et pas d’une volonté délibérée du sujet.
Le clivage de la personnalité s’appuie sur le déni de la réalité. Cela permet en fait à la personne de fonctionner selon deux niveaux qui sont à la fois contradictoires, mais qui n’entrent en conflit. Ils sont dans une ignorance mutuelle. Par ce mécanisme, les personnes vont soit isoler la souffrance psychique, soit la rejeter à l’extérieur.
Certains auteurs de violences sexuelles peuvent considérer leur passage à l’acte comme incompréhensible pour eux mêmes, comme ne leur appartenant pas. Pour eux, c’est l’extérieur qui est mauvais et qui les a conduit à agir avec violence. La réalité de l’agression leur est inacceptable : elle mobilise une angoisse ingérable pour le sujet. Il va alors dénier cette réalité grâce à l’utilisation du clivage. D’où la non reconnaissance des faits. Le clivage va lui permettre sa survie : ça permet d’expédier hors de sa conscience l’irreprésentable, « c’est moi, mais ce n’est pas moi ».
Certains auteurs de violences sexuelles vont également avoir recours à la distorsion de la réalité.
La distorsion va minimiser la gravité de l’acte et parfois retourner la culpabilité pour permettre la survie identitaire. Ceci explique très bien les paroles que peuvent avoir certains auteurs de violences sexuelles : « c’est elle, c’est lui qui m’a fait des avances, et puis de toute façon ça lui a plu ». Le sujet agresseur sort alors « grandi » du recours à l’acte et restaure un peu son narcissisme. Le passage à l’acte est donc à considérer comme l’ultime défense d’un sujet fragile à un moment particulièrement difficile de son existence.
Avec le clivage, ces patients n’ont pas conscience de leur souffrance. L’angoisse est déniée, ce qui permet d’éviter la souffrance.
Le déni permet de détacher le Moi d’une réalité extérieure qui est pénible, il permet de l’inscrire ailleurs. Les auteurs de violences sexuelles vont utiliser ce mécanisme car leur statut narcissique ne leur permet pas la reconnaissance d’une réalité externe menaçante, sidérante.
Il existe cependant des traces, dans la mémoire, de cet évènement. Un même évènement est alors réfuté dans une partie de la mémoire et inscrit dans une autre : on parle alors d’une mémoire clivée. Le même évènement donne lieu à deux souvenirs différents, deux inscriptions différentes chez le sujet.
Certains auteurs de violences sexuelles peuvent être clivés par des traumatismes affectifs déniés en raison de carences précoces. Les conflits internes sont souvent évités car ils menacent la cohérence déjà fragilisée par le clivage et l’immaturité.
Pour ces patients-là, penser est vécu comme un danger. S’attarder sur leur vécu intérieur est une intrusion insupportable parce que cela vient attaquer les aménagements défensifs mis en place, et qui ont, on l’a vu, la fonction de venir protéger de la souffrance d’un évènement douloureux alors qu’ils sont déjà fragilisés par des carences narcissiques précoces. Ils sont déjà dans un évitement de la position dépressive avec déni du souvenir traumatique. Ces sujets blessés narcissiquement, ne supportent ainsi pas qu’émergent des vécus de dévalorisation et des vécus dépressifs. Puisqu’ils ne peuvent pas élaborer la dépression, ils vont agir la souffrance. Il y a en quelque sorte un déni de l’affect dépressif qui passe par la mise en place d’une véritable idéalisation mégalomaniaque, une survalorisation narcissique au détriment d’autrui pour éviter la dépression proche du vécu d’inexistence.
Le clivage permet donc la coexistence de positions inconciliables sans émergence d’un conflit interne.