Chemsex et violences sexuelles ►


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Avec Alice Chenu, psychologue et sexologue au CRIAVS Île-de-France.
Réalisé par Sébastien Brochot, préventeur-formateur au CRIAVS Île-de-France.
Le CRIAVS Île-de-France est un service des Hôpitaux de Saint-Maurice dirigé par Dr Walter Albardier.

Chemsex, c’est la contraction de chemical et sex. Ça fait référence à l’utilisation de produits chimiques en contexte sexuel. Ça englobe tout un ensemble de comportements variés qui ont en commun d’avoir lieu dans un contexte sexuel et avec des produits psychoactifs. 
Ce sont principalement des nouveaux produits de synthèse, c’est-à-dire de nouvelles molécules chimiques. Concrètement il s’agit de cathinones, de GHB, de méthamphétamines, mais aussi de cocaïne, kétamine, MDMA, poppers, cannabis, alcool… il s’agit donc le plus souvent de poly consommation.
Ces produits ont la caractéristique d’être extrêmement addictifs.

Le public pratiquant le chemsex est le plus souvent « HSH », c’est-à-dire des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Ce phénomène s’est fortement développé dans la communauté gay.
La pratique du chemsex est souvent associée à internet, avec des rencontres via des applications dédiées, comme Grindr, Scruff, Recon, ou encore Hornet, mais aussi avec des circuits de vente de produits en ligne.
La pratique du chemsex peut être très occasionnelle, à raison d’une fois par an pour certaines personnes, mais aussi pluriquotidienne pour d’autres.

Alors, quels sont les effets recherchés par les chemsexeurs ?

C’est d’abord la facilitation de l’expérience sexuelle par une désinhibition due aux substances prises, mais aussi l’augmentation du désir, du plaisir et des sensations corporelles.
C’est aussi, pour certains consommateurs, une façon de sortir de l’isolement et de la solitude.
La prise de produits permet de prolonger l’activité sexuelle, de quelques heures jusqu’à plusieurs jours, avec des épuisements possibles, qui peuvent conduire jusqu’au décès.

Quels sont les risques liés au chemsex ?

Le danger majeur pour les chemsexeurs est celui de l’addiction aux substances, avec un risque addictif très fort lié aux produits consommés.
Il y a différentes façons de prendre les produits : on peut les inhaler, les pluguer, c’est-à-dire les introduire dans le corps par voie anale, ou se les injecter en intraveineuse, l’injection étant la pratique la plus risquée. On parle alors de slam, qui signifie « claque », pour désigner l’effet procuré par la consommation des cathinones par voie injectable en contexte sexuel, avec des effets ressentis très rapides et très puissants.  
On parle aussi de craving pour désigner le besoin impérieux et impulsif de consommation.
Au-delà de l’addiction à proprement parler, les chemsexeurs peuvent souffrir de dépression, d’épuisement, ils peuvent avoir des complications physiques ou psychiques liées aux pratiques sexuelles et à la prise de produits, ça peut aller jusqu’au décès.
Concernant leur sexualité, ils peuvent se mettre en danger de devenir victimes de violences sexuelles, mais aussi auteurs en imposant des relations à des personnes non consentantes, voire inconscientes, d’autant que la prise de produits peut les inciter à commettre des actes qu’ils ne feraient pas habituellement.

Sur le plan légal

Le fait de commettre une infraction sexuelle en étant sous l’emprise manifeste de produits stupéfiants est une circonstance aggravante, c’est-à-dire que la peine encourue sera plus lourde.
Et le fait d’administrer à une personne une substance visant à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes, c’est déjà un délit, même s’il n’y a pas eu d’infraction sexuelle.
Et lorsqu’il y a effectivement agression sexuelle ou viol, la peine encourue est aggravée si la victime est considérée comme étant incapable de consentir, même si elle a pris délibérément un produit.
Sans oublier, bien sûr, les infractions liées à la législation sur les stupéfiants et le délit d’administration de substances nuisibles.

Comment peut-on aider et prendre en charge les personnes pratiquant le chemsex ?

En ce qui concerne la santé sexuelle, le dépistage des infections sexuellement transmissibles et la question de la PREP — la prévention du VIH — sont essentiels. Sans oublier la sensibilisation à la question du consentement sexuel.
Par ailleurs, les risques d’addiction aux produits sont à évaluer et à prendre en charge.
Et enfin, il faut sensibiliser les personnes aux premiers secours et appeler le 15 en cas de complication, car une personne qui s’endort sous produit peut faire un surdosage, une fausse route, et peut éventuellement en mourir.
Actuellement, les réseaux de soins se mettent en place : services d’addiction, de santé sexuelle, mais aussi associations, soutien entre pairs. Toutes ces personnes, professionnels comme bénévoles, sont extrêmement sollicitées.

Il existe un groupe d’aide spécifique mis en place par l’association AIDES :

Groupe d’aide Chemsex (définition)

Vous pouvez rejoindre le groupe d’aide sur Whatsapp ou Signal au 07 62 93 22 29 (uniquement message), le groupe privé sur Facebook, ou envoyer un email à chemsex@aides.org mis en place par l’association AIDES.

La Mairie de Paris propose également une cartographie des lieux de soutien à Paris.

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