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Réalisé par Sébastien Brochot, préventeur-formateur au CRIAVS Île-de-France.
Le CRIAVS Île-de-France est un service des Hôpitaux de Saint-Maurice dirigé par Dr Walter Albardier.
Dans la prise en charge sanitaire des auteurs de violences sexuelles, un élément revient régulièrement : ce sont des patients qui, souvent, ne perçoivent pas l’altérité. C’est à dire qu’ils ne considèrent pas l’autre comme sujet. Pour comprendre cela, il faut s’intéresser de plus près à ce qu’on appelle l’emprise.
L’emprise renvoie, étymologiquement, à deux sens : prendre et entreprendre. Elle relève autant de l’idée de se saisir que de celle du projet.
L’emprise, c’est une sorte d’interdit de toucher l’autre qui n’est pas intégré, c’est le fait de résoudre toute tension par un contact physique.
L’auteur de violence sexuelle, en « usant » d’emprise, agit comme l’enfant qui s’agrippe à sa mère et serait en recherche permanente de contact avec elle.
Ainsi, l’emprise est devenue son mode de relation privilégié puisque, enfant, il a pris l’habitude de résoudre ses tensions par le contact physique avec sa mère, sans limitation de la part de celle-ci, dans une forme d’indifférenciation d’avec l’autre.
Le processus d’autonomisation n’a pas pu se faire, parce que le sujet craint la séparation ou se sent disqualifié par une autonomie naissante ou encore parce que le sujet ne se reconnait pas de besoin d’autonomie de sujet.
Les patients auteurs de violences sexuelles ont acquis ce type de construction du fait d’une structure familiale pathologique. Paul Claude Racamier parle de climat incestuel où l’autre, dans sa dimension d’altérité, n’est pas véritablement perçu. Il parle de ce flou intra-familial dans lequel certaines familles sont plongées. Et ça se traduit par l’idée que le sujet peut toucher sans conséquence. L’enfant n’est pas perçu comme autre car il n’y a pas vraiment de frontière entre les individus. Cela amène une altération profonde des processus d’individuation. Comme il n’existe pas de séparation psychique nette des individus, cela empêche toute individualité. Ce qui conduit à utiliser l’emprise comme mode de relation à l’autre.
Ce mécanisme d’emprise va parfois se rejouer dans le cadre de la relation thérapeutique. Un patient demandera en quelques sortes d’avoir son thérapeute en permanence sous la main. Il s’agira pour le thérapeute de ne pas travailler seul et de pouvoir régulièrement échanger avec ses collègues sur le suivi.